L’EGLISE SAINT ROCH DE MONTPELLIER

 

L’actuelle église Saint Roch de Montpellier est en partie construite sur les emplacements occupés, avant la Révolution, par le couvent des Trinitaires et l’église Saint Paul. Vendue comme bien national, l’église Saint Paul a été rendue au culte catholique lors du Concordat (1801) et prend alors le nom de Saint Roch.

 

Ce résumé de l’histoire de l’église présente successivement les raisons qui ont conduit au choix du nom de Saint Roch,  la construction de la nouvelle église,  la décoration, les tableaux. Un dernier paragraphe présente les objets formant le trésor de l’église.

 

Il est rappelé que, depuis la loi de 1905, l’édifice et tous les objets qu’il renferme appartiennent à la commune et sont classés.

 

LE CHOIX DU NOM DE SAINT ROCH

 

Dès 1420, une chapelle est dédiée à Saint Roch au couvent des Dominicains (Jacobins). Un acte municipal de 1440 précise que le 16 août les consuls se rendent aux Jacobins.

 

En 1611, l’église Saint Paul est affectée au couvent des Trinitaires.

 

Le 11 août 1613, les Trinitaires d’Arles donnent aux Trinitaires de Montpellier une relique de Saint Roch.

 

En 1619, une chapelle est dédiée à Saint Roch à l’église saint Mathieu occupée par les Dominicains.

 

En 1640, le bourdon, expertisé en 1638, est remis aux Trinitaires de Montpellier qui dirigent la paroisse Saint Paul. Ce bourdon fut partiellement détruit et brûlé lors de la Révolution. Ce qu’il en reste est conservé et remis par la suite au cardinal de Cabrières.

 

En 1640, Montpellier subit une épidémie de peste. Les consuls s’engagent à organiser une procession le jour de la Saint Roch et une chapelle de la cathédrale est consacrée à Saint Roch.

 

En 1809, une exposition des reliques du saint est organisée. En 1830, Montpellier est la seule ville épargnée par une épidémie de choléra.

 

Le 30 mai 1838, l’abbé Vinas, curé de Saint Roch, reçoit une nouvelle relique donné par les Trinitaires d’Arles.

 

En 1854, Montpellier est, à nouveau, épargnée par les grandes épidémies qui ravagent la région. Le vœu de construire une nouvelle église est pris.

 

Un accord est conclu entre l’abbé Recluz, curé de St Roch et le maire protestant de Montpellier Jules Pagézy. Le conseil municipal vote, le 19 septembre 1854,  la construction d’une église dédiée à Saint Roch et le principe d’une loterie pour subventionner cette construction.

 

LA CONSTRUCTION DE LA NOUVELLE EGLISE

 

De ce qui précède, le choix de bâtir la nouvelle église en lieu et place de l’église saint Paul rebaptisée Saint Roch au moment du Concordat était logique. En outre, ce sont les Trinitaires qui avaient obtenu les reliques du saint. La nouvelle église Saint Roch ne pouvait trouver de lieu plus symbolique.

 

Le projet est confié à l’architecte de la ville Jean-Pierre Casao dit Jean Cassan qui a déjà modifié le centre-ville.

 

Le plan de l’édifice est de style néogothique français du XIIIème siècle en vogue sous le Second Empire grâce à Viollet-Le-Duc. L’église a une longueur de 59,80 mètres et une largeur de 33mètres. Les travaux devaient s’effectuer en deux étapes : la construction de la nef et des deux flèches puis, l’édification du reste de l’église.

 

Les travaux commencés en avril 1862 sont arrêtés, pour des raisons financières, en août 1867. La réception définitive des travaux n’est signée par Cassan que le 25 septembre 1869. Seules, sont édifiées la nef, les deux nefs latérales et la façade aux trois portails. Ainsi, il manque les deux flèches qui devaient culminer à plus de 50 mètres et la statue de Saint Roch au-dessus du porche.

 

Le 13 août 1867 a lieu la bénédiction solennelle.

 

LA DECORATION

 

Une grande partie du mobilier de l’ancienne église est réutilisée.  Ainsi ont été réutilisés :

 

Le maître-autel : de style néo-classique donné par Pierre Félix au début du XIXème siècle et remanié par le marbrier montpelliérain Grimes vers 1850.

 

La clôture du chœur en fer forgé.

 

Les stalles façonnées en 1818 par le menuisier Reboul et remaniées, en 1851, par le menuisier Parent et le sculpteur Enfroy.

 

L’autel de la Vierge réalisé entre 1848 et 1851 par le marbrier Grimes.

 

L’orgue commandée en 1844 à la maison Daublaine et Gallinet de Paris.

 

Seuls, les autres autels, la chaire, les vitraux, la statue du saint, les icônes du chemin de croix ont été réalisés pour la nouvelle église.

 

La chaire de style néo-gothique a été installée en 1900. Le coffre représente les quatre évangélistes avec leurs symboles : Jean (l’aigle), Marc (le lion), Luc (le taureau) et Mathieu (l’homme). Le dossier représente Saint Pierre et Saint Paul. Au-dessus, les anges et au sommet, l’ange du jugement dernier.

 

Les vitraux latéraux sont réalisés par l’atelier du maître verrier lorrain Charles-François Champigneulle (1820-1882) et par celui du maître verrier bordelais Pierre-Gustave Dagrant (1839-1915). A gauche, les vitraux du bas sont consacrés à la Vierge. Ceux de droite illustrent la foi en Dieu, en son amour et la structure de l’Eglise.

 

La statue de Saint Roch est l’œuvre du sculpteur montpelliérain Auguste Baussan (1829-1907). En 1884, Montpellier est épargnée par l’épidémie de choléra qui frappe le Midi. Le fait est attribué à Saint Roch. Une souscription est lancée pour ériger une statue du saint. Auguste Baussan est chargé d’exécuter la commande. Ami du peintre Frédéric Bazille décédé lors de la guerre franco-prussienne de 1870, il demanda à la mère du peintre l’autorisation de prendre pour modèle le visage de son fils. Celle-ci accepta à condition qu’il ne fasse pas apparaître la plaie bubonique. La blessure est donc évoquée par un bandage. Terminée en 1892, la statue est bénite le 16 avril 1894.

 

Dans la chapelle de la Vierge se trouve un vitrail représentant Saint Paul et dans celle de Saint Roch un vitrail représentant Saint Roch. Ces deux vitraux proviennent de l’ancienne église des Saints François.

 

Le vitrail au-dessus du maitre –autel a été réalisé en 1987 par Gérard Milon sur une idée du chanoine Pennavaire, curé de l’église Saint Roch. Il représente Saint Roch quittant Montpellier ; la porte de la cathédrale Saint Pierre symbolisant la Jérusalem céleste.

 

Les icônes du chemin de Croix ont été réalisées par l’atelier œcuménique de Jacou et ont été bénies le vendredi 11 mars 2016.

 

Dans l’église, se trouvent les statues de :

 

Bas-côté gauche : Saint Antoine de Padoue, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Saint Jude.

 

A droite et à gauche de la chapelle Saint Roch : Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Jeanne d’Arc.

 

A droite et à gauche du chœur : la Vierge et le Sacré Cœur.

 

A droite et à gauche de la chapelle de la Vierge : saint Michel et Saint Paul.

 

Bas-côté droit : Sainte Rita, Saint curé d’Ars, Saint Expédit.

 

Le clocher possède trois cloches qui sont actionnée manuellement. Une quatrième cloche se trouve dans la chapelle Saint Roch. Cette cloche a été offerte par la famille royale d’Italie en souvenir de la Reine Hélène décédée en novembre 1952 à Montpellier. Sa tombe se trouve au cimetière Saint Lazare de Montpellier.

 

LES TABLEAUX

 

Les sept tableaux ornant l’église sont des XVIIIème et XIXème siècles. Quatre d’entre eux, situés dans le chœur, représentent des épisodes de la vie de Saint Roch. De gauche à droite on trouve :

 

Saint Roch distribuant ses biens : ce tableau de 1839 est du peintre montpelliérain Auguste-Barthélémy Glaize (1807-1893). Roch quitte sa ville natale pour Rome et distribue ses biens. Au second plan, sur une colonne apparaissent les armoiries de la ville de Montpellier (blason de Notre-Dame des Tables) et des Guilhem (anciens seigneurs de Montpellier). A l’arrière-plan, on reconnaît l’église Notre-Dame des Tables reconstruite en 1650.

 

Saint Roch priant pour les pestiférés : tableau d’Auguste-Barthélémy Glaize datant de 1847. Saint Roch, à genoux, prie pour les pestiférés

 

La mort de Saint Roch en prison : tableau d’Auguste-Barthélémy Glaize datant de 1847. On voit sur la poitrine du saint la croix rouge.

 

Saint Roch soignant les pestiférés : l’auteur de ce tableau datant du XVIIIème siècle est inconnu.

 

Dans la chapelle Saint Roch, à gauche, un tableau du peintre Alexandre Cabanel (1823-1889), l’Agonie du Christ au Jardin des Oliviers. Datant de 1844, ce tableau fut exposé cette même année au Salon de peinture et de sculpture de Paris et fut le premier que vendit le peintre.

 

A l’entrée de l’église, côté droit, un tableau représente la conversion de Saint Paul ; côté gauche, un second tableau représente le « ravissement » de Saint Paul. Ces deux tableaux datent du XVIIIème siècle et leur auteur est inconnu.

 

LE TRESOR

 

Dans la sacristie se trouve le portrait de l’abbé Recluz peint en 1847 par Auguste-Barthélémy Glaize.

 

Comme pour toutes les reliques des saints des reliquaires sont commandés. Ceux de l’église Saint Roch datent d’avant la construction de la nouvelle église. Il s’agit :

 

Statue reliquaire de Saint Roch : commandée en 1808 à l’orfèvre montpelliérain Jacques Lafoux (1761-1841), elle a été réalisée le 10 mars 1809 en remplacement de l’ancienne statue fondue en 1791 avec l’ensemble des objets en argent appartenant à l’église. Le 7 avril 1809, Mgr Fournier, évêque de Montpellier, plaça dans le socle de la statue un petit ossement.

 

Coffret à reliques : a été commandé en 1838 à l’atelier d’orfèvres parisiens Martine et Déjean.

 

Châsse reliquaire : a été commandée au même atelier parisien et date, elle aussi, de 1838. Elle est de style néo-gothique.

 

La commande de ces deux reliquaires correspond à l’arrivée, le 24 mai 1838, des nouvelles reliques (huit petits ossements) données par les Trinitaires d’Arles. 

 

La châsse est visible dans la chapelle Saint Roch ainsi que le gisant représentant Saint Roch mort.